À l'origine de ce spectacle, se trouve un questionnement, celui d'artistes issus d'une même génération, arrivée après les grands mouvements féministes, ayant grandi dans l'illusion d'une parfaite égalité entre les sexes. Si cette question du genre nous a paru pendant longtemps secondaire, elle nous est revenue comme un boomerang au moment des choix professionnels et n'a cessé dès lors de refaire surface. À travers une figure tendue entre deux extrêmes, Pénélope Matador, nous interrogeons de manière poétique cette illusion de pouvoir se détacher du genre, d'être un corps de femme sans normes sociales.
La chorégraphie d'Elsa Decaudin cherche à réintroduire de l'étrangeté dans cette curieuse féminité prétendument naturelle, à la mettre à distance du corps. L'accordéon, interprété sur scène par Elodie Soulard fait écho à ces tiraillements et paradoxes qui parcourent le corps à travers un répertoire allant du classique au contemporain. Les deux artistes dialoguent avec une scénographie évolutive et mouvante : univers poétique et métaphorique, seconde peau ou machinerie implacable avec laquelle les interprètes entrent parfois en conflit, parfois en osmose.